à LIRE et à RELIRE / Bibliothèque n°1

Cette nouvelle rubrique "à LIRE et à RELIRE" présente succintement quelques ouvrages en référence à la psychothérapie institutionnelle, à la psychanalyse, au travail en institution, avec des personnes autistes, psychotiques... Pour chaque livre présenté, nous reprenons la quatrième de couverture de l'éditeur. Pour d'autres lectures, nous vous invitons également à la rubrique "Réflexions / Notes de lectures".

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POLACK Jean-Claude. Epreuves de la folie. Travail psychanalytique et processus psychotiques.

Editions Erès. Collection "Des travaux et des jours". 2006

La psychothérapie analytique des états psychotiques est l’épreuve la plus risquée, mais aussi la plus intime et la plus riche d’une rencontre avec la folie. Engagé depuis de nombreuses années dans un travail analytique auprès des patients psychotiques, Jean-Claude Polack examine ici concrètement les enjeux théoriques et pratiques d’une telle approche. Il prend à-bras-le-corps l’équivoque de cette rencontre, dont les termes eux-mêmes restent incertains : flou des frontières entre névroses et psychoses, inadéquation de la cure type pour les cas de grande folie, polymorphisme des modes d’expression non réductibles à la seule parole, intrication des délires singuliers et des folies de l’Histoire. L’auteur dresse ainsi le bilan de l’approche analytique de la folie en mettant en évidence ses points de butée et d’innovation, ses acquis et les chantiers ouverts à de nouvelles investigations. Chacune de ses propositions est illustrée par des monographies cliniques qui montrent aussi en quoi les choix (théoriques, éthiques, esthétiques et politiques) du thérapeute infléchissent constamment le processus de soins.

Psychiatre, psychanalyste, Jean-Claude Polack a travaillé une douzaine d’années aux côtés de Jean Oury et de Felix Guattari à la clinique de La Borde. Il exerce dans un collectif d’analystes à Paris. Avec des amis, patients et « non-patients », il a animé une association de malades psychotiques pendant une dizaine d’années. Auteur de plusieurs ouvrages, il est directeur de publication de la revue Chimères, fondée en 1998 par Gilles Deleuze et Felix Guattari, et coréalisateur d’un film sur François Tosquelles.


ROULOT Danielle. Paysages de l'impossible. Clinique des psychoses.

Champ Social Editions. Collection Psychothérapie institutionnelle. Préface de Jean Oury. 2006, 1ère édition 2003.

Une suite de textes, une série de singularités, chacune délimitant un paysage tissé d'événements simplement évoqués, d'habitudes de " penser " qui s'organisent en concepts. Un fil invisible court de l'un à l'autre, trace d'une présence au jour le jour, d'année en année ; entêtement salvateur dans un monde énigmatique, un monde où la patience devient nécessité pour saisir à travers les pièges de la relation les fulgurances souvent voilées de transferts les plus variés. L'ensemble de ces textes de Danielle Roulot se présente comme un théorème s'articulant rigoureusement par lemmes, corollaires, contradictoires, le tout obéissant, par discipline, à une logique abductive : toile de fond, à multiples feuillets, où nous devons déchiffrer les inscriptions, les " extractions " d'une psychiatrie concrète où, sur fond de liberté, peuvent émerger des configurations, des formalisations, marquées à tout jamais par le précaire. Tout ceci n'est possible que par une vie partagée, depuis plus de trente ans, entre la solitude et l'ouverture, l'accueil de l'autre dans sa déréliction. Courage qui se manifeste dans une ténacité pour préserver la complexité d'Autrui contre toutes les entreprises de réduction, de " simplification ", qui équivalent à la mise à mort du désir, de l'âme, de l'idiotype de tout un chacun.

Danielle Roulot, après une formation scientifique, vient, un peu par hasard, à la Clinique de La Borde, en 1965. Elle décide d'y rester et entreprend des études de médecine et de psychiatrie. Dans ce lieu de "psychothérapie institutionnelle", elle approfondit au fil des années les prises en charge analytiques des psychotiques.


MORNET Joseph. Psychothérapie institutionnelle. Histoire et actualité.

Champ Social Editions. Collection Psychothérapie institutionnelle. Préface de Pierre Delion. 2007.

Dans son ouvrage Joseph Mornet propose trois grandes parties. Une première dans laquelle il décrit la naissance et le développement de la Psychothérapie institutionnelle et reprend le concept fondamental d’ aliénation sociale selon plusieurs perspectives notamment avec Marx et Sartre. Il montre comment la réalisation de "club thérapeutique" peut en résulter selon une dialectique subtile et opératoire. Dans la deuxième partie, il développe l’idée de l’ aliénation mentale en reprenant son parcours dans l’histoire de la folie, puis la "nouvelle administration de la folie" résultant des organisations plus récentes en matière de psychiatrie. Dans la troisième partie, il développe autour des grandes questions de transfert, psychose et institution , la pertinence des outils et des opérateurs conceptuels de la Psychothérapie institutionnelle. Il précise en quoi des concepts fondamentaux, tels que celui de liberté, d’humour et de risques du soin peuvent ou non modifier profondément les conditions d’exercice de nos métiers de psychistes (Tosquellas). Enfin il accorde une place importante à ce qu’il définit comme "soigner les soignants".

Dans ce livre, les différents concepts de la psychothérapie institutionnelle sont revisités d’une façon précise et la longue expérience de l’auteur donne à l’ouvrage une authenticité qui en garantit la pertinence. Les principaux théoriciens de ce mouvement sont relus avec acuité et il est intéressant de voir comment les concepts cliniques et psychologiques sont déclinés en tenant compte des aspects institutionnels et inversement. Tout cela fait de ce livre, non seulement une très bonne introduction à cette histoire de la Psychothérapie institutionnelle, mais aussi un manuel à la disposition des praticiens aguerris ou en formation pour approcher au plus près d’une méthode thérapeutique porteuse d’outils féconds pour demain.(Quatrième de couverture / Pierre Delion)

Joseph Mornet est psychologue au Centre psychothérapique de Saint-Martin de Vignogoul depuis son ouverture en 1972. Psychothérapeute, il est aussi formateur et superviseur.


TOSQUELLES François. Fonction poétique et psychothérapie. Une lecture de "In memoriam" de Gabriel Ferrater.

Editions Erès, Collection "Des travaux et des jours", 2003.

François Tosquelles a toujours affirmé que la folie était un phénomène lié à la condition humaine elle-même. Dans cet ouvrage consacré à l'œuvre du poète catalan Gabriel Ferrater, né comme lui à Reus, il met l'accent sur la fonction de la parole et du langage en tant qu'elle est constitutive du sujet. Il insiste surtout sur la fonction poétique du langage, présente dans tout discours humain, même le plus rationnel ou le plus scientifique. Il développe l'hypothèse selon laquelle le discours d'un patient en psychothérapie ou en psychanalyse suit le même cours que celui d'un poète s'efforçant d'exprimer la réalité du monde ou sa propre vérité dans une œuvre accomplie. Dans les deux cas, même si la valeur esthétique n'est pas la même, il s'agit pour le sujet de travailler à la recherche de son identité et de sa singularité.

L'ouvrage conserve partiellement un style verbal, dans lequel la parole de l'auteur naît, vit et fraye son chemin au fur et à mesure, sans que la rigueur de la pensée et la précision du propos soient entamées. Ceux qui ont connu François Tosquelles retrouveront dans cet ouvrage sa présence humaine, vivante et active, à travers une approche fondamentale de l'existence humaine. Ouvrage traduit du catalan par Antoine Viader, psychiatre des hôpitaux (Marseille).

François Tosquelles (1912 - 1994), psychiatre catalan, militant engagé, fuit l'Espagne franquiste. Il est l'un des initiateurs de la transformation des hôpitaux psychiatriques à travers l'expérience de Saint-Alban et le promoteur du courant de la psychothérapie institutionnelle.


FAUGERAS Patrick.L'ombre portée de François Tosquelles.

Editions Erès. Collection "Des travaux et des jours". 2007

Cet ouvrage est une suite de récits qui retracent autant d’ itinéraires singuliers, dans le champ de la clinique psychiatrique, que la rencontre avec François Tosquelles a parfois profondément infléchis. Hormis leur passion pour la psychiatrie, ou plus exactement leur respect pour la personne souffrant psychiquement, les personnes ici interviewées ont aussi en commun une liberté de penser et de pratiquer la psychiatrie. Comme si, pour chacun, cette rencontre avait été l’occasion d’une ouverture à un libre cheminement.

Patrick Faugeras est psychanalyste à Alès.

 


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COUPECHOUX Patrick. Un monde de fous. Comment notre société maltraite ses malades mentaux.

Préface de Jean Oury. Editions du Seuil. janvier 2006.


Le fou est l'exclu par excellence. Gênant pour le bon fonctionnement social, perturbant pour notre vision de la norme, le fou fait peur. Exilé... Enfermé... Pourtant, il appartient à l'humanité et l'interroge. Humain, si humain... Regards sur l'histoire, regards d'aujourd'hui... Comment notre époque fait-elle face au problème de la maladie mentale ? Quelles sont les finalités de la psychiatrie ? . Quelles sont ses missions ? Quelle est la vision que nous avons aujourd'hui de la maladie mentale ? Quels sont ses rapports avec la société ?
Les profondes mutations et les importantes remises en cause du système psychiatrique français donnent lieu aujourd'hui à un vif débat.

Des reportages de terrain, auprès des principaux acteurs du milieu psychiatrique et auprès des malades, au sein des familles, dans les hôpitaux et les institutions, mais aussi dans la rue et les prisons... Au-delà des témoignages qui rendent compte de la diversité des points de vue, il s'agit bel et bien d'un voyage dans un univers touchant, car humain, que nous propose Patrick Coupechoux. Il s'agit enfin d'un regard sur la façon dont notre société entend aborder le problème de la maladie mentale.


Patrick Coupechoux collabore au Monde Diplomatique. Après son travail sur l'autisme paru en 2004 (Mon Enfant autiste, le comprendre, l'aider, Seuil), il a enquêté pendant une année dans le monde psychiatrique français et ainsi porté un regard neuf et bouleversant.


LEDOUX Marc. Qu'est-ce que je fous là.

Psychothérapie institutionnelle en résistance et dialogue avec la psychiatrie de qualité.

Préface de Jean Oury.Litararte 2005.

Que veut dire "soigner des gens"? D'un côté, développer des modèles et des traitements qui correspondent aux objectifs imposés par la bio-politique des gouvernements européens, de l'autre, prendre soin de la singularité de chacun et développer des stratégies qui correspondent à la possibilité humaine d'être mise à l'épreuve. Marc Ledoux examine les mécanismes réglementaires, économiques et idéologiques qui déterminent les tâches quotidiennes exécutées par les professionnels et les techniciens de la santé mentale.

Il se pose la question de savoir s'il y a encore une possibilité de résister. Dans le questionnement "Qu'est-ce que je fous là", il nous présente le mouvement de la psychothérapie institutionnelle, dans son historicité, ses concepts fondamentaux et son travail quotidien d'analyse institutionnelle. Il nous montre comment ces outils ouvre un espace pour s'approcher de la souffrance singulière de chacun pour lui permettre de bâtir un abri dans la vie sociale. Il nous invite à trouver des marges en traversant ces deux mondes contrastés qui prennent soin du malade.

Marc Ledoux (philosophe, docteur en sociologie, psychanalyste) travaille depuis vingt ans dans la Clinique de Cour-Cheverny (La Borde), lieu de psychothérapie institutionnelle, et transmet depuis plusieurs années ses concepts fondamentaux dans différentes structures de soins en Belgique, par des séminaires, des supervisions et des publications.


Rencontre avec Roger GENTIS proposée par Patrick FAUGERAS. Un psychiatre dans le siècle.

Editions Erès. 2005.

Roger Gentis (né en 1928) est l’un des psychiatres les plus représentatifs de sa génération, cette génération qui s’est élevée contre l’enfermement asilaire et une pratique psychiatrique aussi pauvre que répressive, cette génération qui, bénéficiant de l’ouverture qu’offrait la psychanalyse et de l’effervescence de la pensée qui s’ensuivit, a expérimenté et mis en œuvre dans le cadre de la psychiatrie publique, de nouvelles pratiques de soin (psychothérapie institutionnelle notamment) et a contribué à une nouvelle considération de l’homme souffrant.

La rencontre avec ce psychiatre inventif, brillant pamphlétaire et homme d’écriture, permet non seulement d’avoir une vision précise des enjeux de la psychiatrie contemporaine mais aussi d’entendre que la clinique n’est pas concevable sans un extrême souci de l’autre.

Roger Gentis, psychiatre, psychanalyste, est un des penseurs de la psychothérapie institutionnelle.
Patrick Faugeras est psychanalyste, traducteur, directeur de collection aux éditions érès.


DELION Pierre. Soigner la personne psychotique. Concepts, pratiques et perspectives de la psychothérapie institutionnelle.

Dunod, Paris, 2005.

Soigner la personne psychotique est toujours aujourd’hui un des enjeux majeurs de la psychiatrie. Or pour réaliser ce défi dans des conditions éthique et technique acceptables, il faut s’éloigner de toute pensée simplificatrice et opter pour une démarche globale. Ce livre démontre que la psychothérapie institutionnelle dispose des éléments nécessaires pour approcher et comprendre cette psychopathologie en référence aux découvertes faites par Sigmund Freud et ses successeurs. Pierre Delion détaille avec de nombreux exemples cliniques les principales actions à mener dans ce cadre : création d’un club thérapeutique, organisation d’un groupe de supervision, formation des infirmiers… Son livre témoigne de la nécessité d’une psychiatrie à visage humain qui restitue à la relation sa fonction première. On peut réellement mettre à la disposition de la personne psychotique les éléments nécessaires à sa survie psychique dans le cadre d’une stratégie thérapeutique ouverte sur la cité et ses relais. Porter la souffrance psychique des patients jusqu’à ce qu’ils puissent se trouver à nouveau autonomes, c’est l’objectif des soignants. Ils découvriront dans ce livre une méthode qui a fait ses preuves parce qu’elle a toujours su prendre en considération la complexité de l’humain et de la personne psychotique.

Pierre Delion est pédopsychiatre, psychanalyste, professeur à la faculté de médecine de Lille 2 et chef de service de pédopsychiatrie au CHRU de Lille. Il est président national de la Fédération Inter Association culturelle qui regroupe les équipes soignantes travaillant en référence à la psychothérapie institutionnelle.


OURY Jean. Le collectif : Le séminaire de Sainte-Anne.

Champ Social Editions. Collection Psychothérapie institutionnelle. Préface de Pierre Delion. 2005.

Depuis l'élaboration improvisée, comme à l'accoutumée, de ce texte (1984-85) et sa première édition (1986), Jean Oury continue à bâtir des amers pour le " chemin qui se fait en marchant " au cours de ses séminaires mensuels de Sainte-Anne. Ces soirées sont d'une rare densité, comme le texte qui suit en témoigne, mais tout se lit aisément, tout se lie, se lisse, glisse. Pourtant " Rome brûle " ; mais parce que, comme le dit le poète, " elle brûle tout l'temps ", il faut bien continuer à penser, parler, écrire, témoigner, tout cela parfois dans la honte ; le rouge au front - au front de la folie - comme notre cher Tosquelles empoignant celle-ci au plus près des affrontements sanglants de la guerre civile d'Espagne. Car c'est là, des leçons de cette guerre, qu'il a bien fallu penser les rapports entre l'Etat et ses institutions d'Etat, ses " établissements ", et le tissu d'institutions, les associations, amicales, clubs, syndicats, mutuelles, que dire encore !, créées pour être près du " singulier ", de l'être cheminant. C'est précisément là que l'ouvrage, où le lecteur va déambuler, jette une vive lumière. Saisissant une première articulation, celle de l'établissement et des institutions de cet établissement, puis une deuxième, celle entre ces institutions et un-chacun (comme le dit Tosquelles), cet opérateur qu'est le Collectif permet le jeu de cette double articulation. Une vraie relation triadique, donc d'un registre conceptuel. C'est là que Jean Oury, à l'instar de Lacan, de Peirce, propose d'identifier cet opérateur à ce que permet la double articulation dans le langage. Quel bonheur de rendre possible par cette nouvelle édition la continuité de la diffusion de cette parole, de cette pensée ! (Michel Balat).

Jean Oury est psychiatre et médecin-directeur de la Clinique de La Borde.


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