Réflexions


L'accueil du symptôme en I.R.

Argumentaire de l'Atelier 10 (I.R. Guénouvry - 44)

 

Pour traiter de la question de la violence qui se présente souvent, aujourd’hui, comme violence hors conflit, le centre de Guénouvry se propose de témoigner de l’accueil de l’acte comme symptôme. S’il est reconnu, au sens freudien, comme s’adressant à l’autre, celui-ci peut alors s’inscrire dans un tissu social et langagier. C’est le respect humain du prochain, dans les limites de sa place dans un collectif qui est la condition d’émergence de la parole d’un sujet.

Nous prendrons d’abord l’exemple d’une instance symboligène : « on voit ce qu’on fait ». Il s’agit d’un espace repéré dans l’institution où la parole est donnée à chacun (en début de matinée et d’après-midi) pour qu’il indique son choix individuel d’activité. Les choix s’affrontent au groupe et à l’institution : taille des ateliers, engagements, projets individuels ... autant de paramètres qui viennent inscrire le désir de l’enfant dans le quotidien et impliquent une parole vraie en rapport à la négociation. Cet espace-temps communautaire qui rythme les journées reconnaît une place à l’enfant et témoigne concrètement de la mise en œuvre d’une pratique d’accueil d’une parole se substituant à l’acte.

Ensuite, nous verrons comment un événement particulièrement violent, anxiogène et ravivant des souffrances intimes, bousculant la vie quotidienne de l’IR, devint l’affaire de tous, en renvoyant à une éthique de la responsabilité. Cette « responsabilité pour autrui », au sens de Lévinas, put se métaboliser au conseil des enfants, instance institutionnelle où les uns et les autres se trouvent collectivement engagés. Cet ensemble vivant, concret en rapport à la réalité, a ses propres usages, ses coutumes et ses lois qui lui confèrent une armature symbolique. Dans cet espace du conseil des enfants, la reconstruction du quotidien qu’ implique son récit, contribue à l’élaboration psychique.

Cette question, c’est aussi l’histoire d’un enfant débordé , à son entrée, par ses pulsions mortifères et qui trouva le matériel nécessaire pour projeter son autodestruction intime : il inscrivit sa place, en cherchant la vie dans les hauts murs limitant la cour de l’école, en y découvrant ces insectes nommés « gendarmes », pour les recueillir dans une boite et, en les identifiant à son prénom, accéder à la parole.

Ces exemples de clinique institutionnelle tentent de témoigner des conditions nécessaires pour qu’une parole prenne sens et permette au sujet de s’arracher à la violence de l’acte, symptôme d’un monde sans limite.


L'accueil du symptôme en I.R. : intervention dans son intégralité