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Anne-Lise Stern Le savoir-déporté Camps, Histoire, Psychanalyse La librairie du XXIe siècle, Seuil, Paris, juin 2004 précédé de Une vie à l'oeuvre par Nadine Fresco et Martine Liebovici |
"Naître, c'est naître après". Ainsi commence le livre d'Anne-Lise Stern. "Le savoir-déporté" est un recueil de textes, d'articles, de réflexion, un témoignage bouleversant sur ce qu'a vécu l'auteur dans les camps de concentration (Auschwitz, Bergen-Belsen, Theresienstadt) et sur son parcours de psychanalyste.
Anne-Lise Stern propose l'aporie suivante à un colloque en 1988 :
"Peut-on être psychanalyste en ayant été déporté(e) à Auschwitz? La réponse est non. Peut-on, aujourd'hui, être psychanalyste sans cela? La réponse est encore non. Eclairer comment ces deux possibilités se tiennent, de quoi est fait leur rapport, me semble une bonne façon d'aborder la question : quelle psychanalyse après la Shoa?"
Anne-Lise Stern a été déportée d'avril 1944 à juin 1945, à l'âge de 22 ans. A son retour des camps, la psychanalyse lui apparait comme un vecteur de compréhension du monde. A la dimension tragique propre au XXe siècle, une parole et une pensée ont toujours à répondre."Avoir été au camp, écrit-elle, ça ne fait pas forcément de vous un Primo Lévi. Mais ça pousse, que vous le vouliez ou non, à écrire". Le savoir, c'est le savoir que chacun porte en soi, le savoir inconscient.
Anne-Lise Stern montre comment elle a réussi à vivre ensuite, tenaillée par la question du sens de l' "après". "La pensée fait pansement" lui disait Jacques Lacan, son analyste. Pour elle, seul Lacan, "par son retour à Freud, a réinventé la psychanalyse dans un monde où Auschwitz avait eu lieu".
Anne-Lise Stern travaille pendant les années 1950-1960 à l' Hôpital des Enfants Malades, à Paris, avec Jenny Aubry. Elle entre dans cette équipe sur recommandation de Françoise Dolto (cf. Aubry Jenny, Psychanalyse des enfants séparés - Etudes cliniques 1952-1986, préface d'Elisabeth Roudinesco, Paris, Denoël, 2003). Elle travaillera ensuite au Centre Marmottan avec Claude Olivenstein.
"Chaque sujet-déporté, réellement, témoigne de ça, de cette loque qu'il a été, qu'ont été les autres autour de lui, qu'il était destiné à devenir. Le savoir-déporté, c'est ça, savoir sur le déchet, la loque. Mais quand il en parle, en témoigne, loque, il ne l'est plus".Ce livre émouvant s'inscrit dans la mémoire.
Gilles Courant / décembre 2004
Nadine Fresco est historienne ( CNRS, Centre de Sociologie Européenne), spécialiste du "révisionnisme".
Martine Leibovici est philosophe (maître de conférence de sciences politiques, Université Paris XIII - Villetaneuse), spécialiste de Hannah Arendt.