PLACE DES PARENTS DANS LE PROCESSUS DE SOIN
Lors du Conseil de la Vie
Sociale du 16 novembre 2005, les représentants des parents ont évoqué
les difficultés qu’ils éprouvent pour prendre place dans
le processus de soin élaboré au Centre de Guénouvry.
Si le nouveau contrat de séjour traite des droits et des devoirs, il demande un engagement qui n’éclaire pas forcément les places et fonctions de chacun : « Monsieur et Madame X, s’engagent à collaborer avec l’ équipe de professionnels du Centre de Guénouvry, dans le cadre fixé par les objectifs individualisés, et à contribuer à la mise en œuvre et au respect du règlement de fonctionnement ».
Depuis son origine, en 1974, l’ITEP travaille étroitement avec les familles, qui, bien souvent, expriment une demande d’aide et d’écoute de la souffrance qu’induit celle de leur enfant. Aujourd’hui, pourtant, le législateur a prévu d’inclure les parents, en tant qu’usagers, dans le processus de soin, les situant bien au-delà du droit à l’information. Cette évolution, légitime, rend critique la place faite aux parents qui doivent, à la fois, pouvoir exprimer leur demande et se situer du côté de la réponse institutionnelle faite à cette demande. Situation paradoxale que nous tentons de traiter par des propositions d’organisation institutionnelle.
La personne accueillie, l’enfant, est au centre du dispositif de soin ; son symptôme a sa place, au Centre de Guénouvry, comme un « appel d’humanité ». Quand celui-ci engendre une inquiétude, voire une souffrance des parents, il nous faut en tenir compte, en instituant un cadre thérapeutique rigoureux.
Elaboré depuis de nombreuses années, celui-ci a évolué, au cours de l’histoire, et peut-être régulièrement sujet à interrogation, en fonction des évènements.
Aujourd’hui, l’ITEP offre aux parents différentes modalités de services qui leur permettent de se situer à leur place propre :
- dans le rapport à l’institution,
- dans leurs questions personnelles quant au trouble de leur enfant,
- dans leur responsabilité, au regard de la nouvelle législation.
Plusieurs instances ont été crées dans le dispositif de soin, à l’attention des parents :
1) Rencontres avec le directeur (projet individuel / 3 fois par an : septembre-février-juin). Trois étapes qui rythment l’année scolaire :
- préparation et perspectives de l’année,
- orientation ou renouvellement,
- bilan de fin d’année.
Les parents peuvent y poser toutes les questions qui concernent la vie quotidienne
de leur enfant, aussi bien à l’ITEP qu’au CAFS. C’est
le lieu privilégié du projet individuel (démarche de soin,
travail scolaire, socialisation et autonomisation).
L’enfant est présent au cours du second temps de cet entretien,
pour y donner son propre avis. Il peut-être accompagné d’un
éducateur, de l’instituteur ou d’un autre membre de l’équipe
éducative, témoin de son travail et de sa démarche.
2) Groupe de parents (informations
collectives, 2 fois par an. Septembre et juin).
En présence de l’équipe éducative, du directeur et
d’un représentant de l’ensemble du personnel éducatif.
Ces groupes d’information et de bilan, ont pour fonction de permettre
un échange entre parents sur les questions posées par leur enfant.
Un thème éducatif est développé, à chaque
fois, par un membre de l’équipe du Centre de Guénouvry (ITEP
et CAFS), afin que les parents puissent se rendre compte du travail de soin
effectué.
Un temps de concertation est proposé, au cours de ce groupe, pour que
les parents puissent parler de leur représentants au Conseil de la Vie
Sociale.
3) Conseil de la Vie Sociale (trois fois par an).
Bien que la mise en place du Conseil de la Vie Sociale soit facultative pour
les établissements accueillants majoritairement des mineurs de 11 ans,
il a pris depuis deux ans, la suite du Conseil d’Etablissement, afin de
favoriser la participation des usagers au fonctionnement des établissements
médicaux-sociaux (loi n° 2002-2 du 2 janvier 2002). Il donne un avis
sur toutes les questions intéressant les questions institutionnelles.
Au Centre de Guénouvry, le Conseil de la Vie Sociale est composé
de 3 représentants des parents, deux représentants des personnes
accueillies (enfants), deux représentants du personnel, deux représentants
de l’organisme gestionnaire (ARTP) (les autres représentants y
sont à titre consultatif).
Le Conseil de la Vie Sociale se réunit trois fois par an. Il participe
du travail de soin dans le cadre de la psychothérapie institutionnelle.
4) Entretiens parents (environ1 fois tous les 2 mois)
Entretiens d’une heure.
Ce dispositif mis en place sous la responsabilité du pédo-psychiatre,
de la psychologue et d’un éducateur spécialisé, permet
aux parents d’aborder les questions qu’ils se posent dans leur relation
à un enfant en grande difficulté psychique.
Si la demande de prise en charge qui est adressée à l’institution
concerne , d’abord, l’enfant, elle est, aussi, une demande d’aide
formalisée par les parents. L’institution les soutient, ainsi,
pour faire face à des interrogations qui engendrent souvent une «
tourmente émotionnelle ».
Ce dispositif, introduit la possibilité de trouver un espace propre pour
exprimer, à la demande, ses questions, ses inquiétudes, voire
ses angoisses et s’en distancier.
Les parents peuvent y assumer leur place, en reconnaissant la souffrance qu’ils
éprouvent dans leur rapport à un enfant en très grande
difficulté psychique.
Ces entretiens réguliers représentent l’espace personnel
des parents, dans le cadre thérapeutique ; ils ont une fonction importante
quant à l’évolution de la démarche de l’enfant
au sein de l’institution, en répondant de son environnement.
Ce qui est mis en jeu par le processus de soin élaboré au Centre
de Guénouvry, axé sur le projet individuel, c’est la dimension
de la responsabilité (Equipe. Institution. Parents. Enfants) au sens
de répondre de, être garant pour l’autre, devant la communauté
des autres.
G. ROUSSEAU,
Directeur.