Lectures


Association "Les enfants au pays"

Guérir ?

Dans la psychose et l'autisme.

Actes de la journée d'étude / Novembre 2006

En novembre 2006, une journée d’étude intitulée « Guérir ? dans la psychose et l’autisme » était organisée par l’association « Les enfants au pays ». Les actes de cette journée viennent de paraître. Ils mettent en évidence le remarquable travail de réflexion clinique effectué par ces institutions à taille humaine qui tire de leur précarité les moyens authentiques du soin aux enfants en déshérence psychique.

Les interventions des membres de l’équipe y font toutes référence à l’éthique freudienne. Elles mettent en œuvre les conditions d’un espace de subjectivation dans lequel le transfert peut être pris en compte, « creuset de la mise en jeu des impasses subjectives comme des inventions pour faire avec la vie »

Ce que l’on peut appeler guérir l’autre –c’est-à-dire favoriser l’avènement d’un sujet- dans la psychose et dans l’autisme, passe par ces conditions concrètes.

« Les enfants au pays » font partie de ces institutions devenues rares qui tiennent compte, coûte que coûte, de l’expression de la souffrance des enfants. On y parie sur l’insertion symbolique d’un sujet plutôt que sur l’intégration réparatrice de robots assagis et soumis.

Ce n’est pas un hasard si Janine Altounian a honoré cette journée de sa présence. Pour avoir côtoyé l’horreur d’un monde sans lien et les forces de destruction psychique qu’il implique, pour avoir vécu avec l’histoire de l’Arménie, l’impossible transmission -celle qui ne peut trouver ses mots- sinon dans une autre langue. Elle a su insuffler à des auditeurs attentifs, la puissance de ce travail du symbolique qui permet la survivance de l’humanité.

C’est ce travail auquel sont confrontés « les trouvailleurs sociaux » (dont Pierre Delion parlait à propos de l’équipe de Guénouvry) qui se colletent à l’autisme et la psychose, sans le recours au réductionnisme comportemental, économique, certes, mais déshumanisant.

Que veut dire guérir pour un enfant en souffrance qui déjà se protège dans sa « guérite » ? Or, nous savons, dans ces petites institutions de soin qu’autrui, que nous côtoyons dans toute organisation, n’existe seulement qu’en tant qu’il existe pour nous : pour qu’un autre soit constitué comme un autrui, il faut que nous ayons à son égard (et donc réciproquement) une forme ou une autre de mouvement affectif. Il est primordial de travailler cette question du transfert dans ces lieux à taille humaine qui en ont le privilège. La démarche clinique entre un enfant psychotique et son thérapeute est un travail de co-création « sur fond de conservatoire collectif des histoires singulières » (Jacques Hochmann)

Les interventions de cette journée organisée par « Les enfants au pays », en opposition avec l’idéologie forclusive de l’individualisation de masse informatisée, le montraient sans détour : La faculté de dire, mise en jeu par un lieu, lui-même marqué par une histoire, est la condition du soin par la parole destiné aux psychotiques.

Janine Altounian en a témoigné : le processus de symbolisation est un enjeu collectif dans ce domaine. Ne pas viser la guérison comme une réparation mécanique, mais faire un deuil, (symboliser) nécessite qu’on n’assigne pas le sujet à des procédures mais qu’on fasse place à sa démarche personnelle.

En revendiquant, bien sûr, une éthique de la subjectivation, on prend le risque d’une guérison… de surcroît.


GAR
Avril 2008

Pour se procurer "Guérir? dans la psychose et l'autisme":

Association "Les Enfants au Pays", 1 rue de Choisel, 35320 Poligné.

tel. 02 99 43 96 86 / fax 02 99 43 39 29

enfants-au-pays@wanadoo.fr

Haut de page