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Dany Robert Dufour On achève bien les hommes De quelques conséquences actuelles et futures de la mort de Dieu Edition Denoël, Collection Médiations, Paris, mars 2005 |
Lorsqu’au XIIème siècle, fut proposée une thèse sur la mort de Dieu, la réponse de Rome se fit sans ambiguïté : Voilà une question intéressante à poser ! La certitude scientiste de notre époque, en nous informant que Dieu est mort, oublie, quant à elle, qu’il s’agit, d’abord et avant tout, d’une métaphore.
Dans son dernier ouvrage – sous-titré «de quelques conséquences, actuelles et futures, de la mort de Dieu » - Dany Robert Dufour nous dit sa préoccupation de la désymbolisation du monde : «On ne peut, sans grand dommage, évacuer la question de Dieu » dit-il. Utilisant la théorie de la néoténie qui, comme nous le montre Freud, fait de l’infans, un être prématuré et donc dépendant, il nous rappelle que, chez l’homme, l’aptitude à la croyance est une condition nécessaire du processus de subjectivation : « L’existence de Dieu, dans la tête des hommes, est une nécessité de structure ».
La néoténie désigne, en biologie, un manque dans la nature de l’homme, un inachèvement à la naissance qui le rend incapable de subvenir à ses besoins. Son développement –physique et psychique confondus- nécessite un long travail de socialisation qui se fonde de l’aliénation à l’Autre. L’humanisation de l’homme consiste donc à s’adjoindre une seconde nature, en relation à des êtres symboliques qui ne sont que fictions. C’est la croyance qui, constituant cette seconde nature, remplace les organes défaillants par la création prothétique de la re-présentation, et permet à l’homme de se réapproprier, dans un second temps, par la parole, son manque originel de présence au monde.
« Le néotène ne peut se croire ici, dans le présent, que si un autre est là ». Dany Robert Dufour s’appuie sur la thèse lacanienne selon laquelle l’homme ne peut se penser comme sujet qu’en se référant à un Autre. Aussi nous interroge-t-il quand, dans notre monde, où croît le narcissisme de masse, apparaissent les nouvelles pathologies de parlêtres dépressifs, proches de la psychose, en proie à « l’unglauben » freudien.
L’auteur d’ « On achève bien les hommes » pense que l’espèce humaine pourrait en finir un jour avec sa condition ancienne d’aliénation à l’Autre. Deviendrons-nous naturellement autres, en échappant, aux moyens des technosciences, à la néoténie ? Ou bien, sommes-nous déjà dans une ère de mutation, ère désymbolisée annonçant la post-humanité ?
Guy Rousseau
/ novembre 2005