La Cuisine


Nouvelle Cuisine I - Sophie Harding

On mange tous les midis

Intervention de Yvette Blin, éducatrice technique,

lors de la journée d'étude en novembre 2004

 

Le repas rythme le lieu de vie.
Le repas est inscrit dans un rythme social, c’est comme ça chez tout le monde, chez chaque enfant aussi.
Préparer le repas est une activité quotidienne, elle confère au lieu de vie des habitudes et un espace de sécurité.
Ainsi, la préparation du repas est vite un repère, une place facile à prendre, presque un refuge notamment pour les nouveaux, les enfants évidemment mais aussi les adultes, stagiaires ou pas.

Qui fait cuisine ?

Pas toujours facile de trouver tous les jours une équipe au complet. Sachez qu’ici on fait la cuisine avec les enfants.
D’ailleurs, il est arrivé, pas souvent, que l’on mange des sandwichs.
Tous les jours il faut préparer 25 rations, comme on dit dans les cantines.
A Guénouvry, c’est un peu différent, l’équipe n’est pas composée uniquement de personnel de service rompu aux consignes bien rigides de l’hygiène.

Il ne s’agit pas d’empoisonner les convives, mais il faut concilier les normes et l’implication des enfants.

Alors l’équipe de cuisine ? Certains sont des habitués. Pris dans un système d’occupation et dans la nécessité d’aboutir, ils oublient leur anxiété, leurs craintes des reproches, leurs résistances à faire. Pour une ou deux heures ils ne sont plus esclaves des désirs et des émotions qui les assaillent.


Qu’est ce qu’on mange ?

Le menu, tous les jours il est à renouveler. Il se compose avec les enfants présents. Chacun peut ainsi trouver un réel intérêt à faire. Mais il n’est pas évident pour certains, de donner des idées, ou tout simplement de dire ce qu’on aime.
La plupart des enfants pourtant émettent des demandes qui sont souvent considérées.
Les contraintes sont fortes et présentes. Le menu s’élabore avec les stocks, avec la nécessité d’équilibrer le repas. L’adulte responsable doit lui aussi respecter des règles et il n’a pas seul le pouvoir de décision.
Le choix du menu est donc un moment de prise en compte des demandes. Il est aussi un temps de négociation, des envies peuvent être différées, on mangera ça en fin de semaine. Les raisons sont dites et expliquées à l’enfant. On ne met pas deux fois le même aliment dans un menu, on respecte les saisons…

Qui fait quoi ?

Le travail se répartit selon les envies, les tâches s’organisent en fonction des plats choisis.
La répartition du travail est aussi un moment de prise de conscience du groupe restreint, des négociations s’engagent.
Elle se fait aussi en fonction de la capacité à faire.
Les tâches se répartissent encore selon leur « noblesse ». Et oui, utiliser ou non un robot, éplucher ou émincer, mettre la table, aller chercher le pain… n’ont pas la même valeur !


Comment on fait ?

L’apprentissage ne passe pas ici par des exercices spéciaux ou des jeux éducatifs. En cuisine on découvre des notions importantes, le temps, le prix, la quantité, le plein/le vide, le cru/le cuit, les saveurs…
On apprend aussi à se servir d’un couteau, d’un robot, à tenir un plat droit…


A quelle heure on mange ?

Le rythme de la journée donne un cadre très contraignant à l’activité. On mange à l’heure et cuit de préférence. Il s’agit de s’organiser dans le temps, pour faire mijoter ou pour cuire au dernier moment.


Est-ce que ce sera bon ?

Il faut respecter la recette, respecter aussi le travail fait, les préparations réalisées ou en cours de réalisation. Eviter de faire basculer un plat, ne pas ajouter son grain de sel ou son grain de sable, limiter le nombre de clou de girofle, le tube complet c’est trop finalement ! Eviter de savonner les légumes, c’est pourtant logique.


Combien serons nous ?

A la cuisine, on fait pour soi, ce qu’on aime. On fait aussi pour les autres, on les sert, ils vont aimer, ils peuvent même dire que c’est mauvais et en laisser plein leur assiette. Pas toujours facile à accepter.
Il faut préparer pour tout le groupe, le repas est un des seuls moments où on est tous ensemble. Mais le groupe change et certains jours il y a des absents à table. Cette réalité est directement remarquable.

Il ne reste plus qu’à faire la vaisselle, et tout remettre en place pour demain.


Yvette BLIN / novembre 2004


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