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ECRITURES suivi de Itinéraires de formation par Jean Oury Marie-Christine Hiebel-Barat Edition Le Pli ,2003 |
L’humanité
que nous fait partager ce petit recueil est la conjugaison d’une écriture,
d’un langage poétique et d’une éthique politique du collectif, nouage borroméen
dont Marie-Christine Hiebel-Barat tresse les fils avec élégance. Le cheminement
de sa pensée, trempée aux questions de la psychanalyse et de la psychothérapie
institutionnelle, est miné par une interrogation permanente : Qu’est-ce
que le travail en établissement de soin ? L’auteur y répète, avec entêtement,
que la fonction soignante est essentiellement rencontre de l’autre. La surprise,
c’est qu’au détour d’une phrase, elle nous oblige à « accueillir l’insolite »,
selon le mot de Jean Oury, quand elle nous apprend
qu’elle est directeur d’hôpital, en lutte contre « l’établissement englué
dans une identité juridique, administrative […], centré sur la prépondérance
de l’organisationnel administratif stéréotypé ».
Dans le contexte actuel de politiques sanitaires
normosantes qui manipulent le management codificateur
du sujet, il faut un certain courage pour revendiquer la fonction de direction
comme soutien du soin, et rechercher les voies du travail institutionnel clinique,
créatif.
En affirmant que l’attention et la présence
à la singularité de l’autre sont les fondements du soin collectif, elle nous
redit les vertus de « l’ambiance » dont parle Jean Oury dans une intéressante
post-face, consacrée à la formation. Reprenant la formule républicaine
« Liberté, Egalité, Fraternité », elle nous rappelle, simplement,
que les arts de la séparation, du respect et du partage, piliers de la psychothérapie
institutionnelle, sont les conditions, nécessaires, de l’humanisation.
La lecture « d’Ecritures » est
indispensable à ceux que touche l’éthique de la rencontre, car elle révèle
d’abord un style - ennemi de toute dictature - qui nous entraîne « à
la manière des poèmes toujours en route… tendus vers quelque chose… »
nous poussant à penser par nous-mêmes.
Ce fanal aperçu dans la nuit d’un temps
de répression maniaco-statistique, nous donne ainsi
la force de rêver encore et redécouvrir comme l’écrivait Armand Robin :
« En germe sur le versant du temps, une moisson née quelque part sur
l’autre versant où tout recommence » ( 1)
Guy Rousseau / janvier
2004
( 1) A. Robin : « le monde d’une voix »